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Evacuations sanitaires entre Mayotte et La Réunion : la Cimade dénonce une obsession du contrôle migratoire

Peur d’une « filière d’immigration sanitaire », « confusion du soin et du contrôle migratoire »… Dans un rapport sur les évacuations sanitaires entre Mayotte et La Réunion, publié mercredi 7 février, la Cimade critique vivement des « atteintes aux droits fondamentaux » pour des personnes étrangères malades et leurs enfants, tout au long de leur parcours de soins entre les deux départements français de l’océan Indien, distants de 1 500 kilomètres. Un document qui s’inscrit dans le contexte de blocage du territoire mahorais, où près d’un millier de personnes ont manifesté, mardi, contre l’insécurité et l’immigration.
En 2022, près de 1 600 malades ou accidentés ont été évacués de Mayotte – où ils ne peuvent être soignés en raison du « sous-dimensionnement du système de soins » et d’un manque de personnel – vers La Réunion, où le CHU dispose d’un plateau technique de pointe. Parmi eux, un tiers de mineurs et 51 % d’étrangers, la plupart originaires des Comores. Certains possèdent un titre de séjour valable uniquement pour Mayotte, d’autres sont sans papiers.
Le rapport est intitulé « Soigner, séparer, précariser » pour bien marquer les contradictions d’une action sanitaire d’entraide qui aboutit dans certains cas documentés à « séparer durablement des familles sur le territoire français, et plonger des personnes dans une précarité d’autant plus violente que les pathologies sont graves ».
L’association défendant les droits des personnes migrantes et réfugiées fustige avant tout un cadre réglementaire comportant de « nombreuses zones d’ombre », ainsi que « des pratiques médicales et administratives largement influencées par un contexte régional très hostile à l’immigration comorienne et par l’existence d’un droit dérogatoire restreignant fortement les droits des personnes étrangères vivant à Mayotte ».
Selon la Cimade, les personnes étrangères qui arrivent dans les services du centre hospitalier de Mayotte (CHM) présentent un « état de santé déjà dégradé, ce qui complexifie encore leur prise en charge ». Les raisons principales de leur renoncement à des soins : l’absence à Mayotte de l’aide médicale d’Etat (AME) pour les étrangers en situation irrégulière, la peur pour ces personnes de se faire interpeller en se déplaçant pour une consultation.
Loin de constituer « une opportunité de migrer durablement vers La Réunion ou même l’Hexagone », ces transferts en avion, parfois opérés en urgence, sont « sources d’angoisses et d’arrachement », insiste l’association, pour balayer « le fantasme de l’appel d’air via la procédure d’Evasan [évacuation sanitaire] ». « Faire accepter l’Evasan aux patients est, au contraire, une difficulté majeure, certaines personnes étant même prêtes à renoncer aux soins pour l’éviter », relève La Cimade. Le rapport déplore également des cas de manque d’information aux patients, parfois allophones, sur leur pathologie, leur parcours de soins, voire leur destination.
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