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« Le Livre des timbres » : des destins exceptionnels et des grands moments de l’histoire

Comme un symbole, un hommage à la gravure, Le Livre des timbres. France 2023 s’ouvre sur le magnifique autoportrait de Robert Nanteuil (1623-1678), redessiné pour la circonstance par Sarah Lazarevic et gravé en taille-douce par Pierre Albuisson.
Dessinateur et pastelliste virtuose, Nanteuil est devenu un artiste de cour prisé, portraitiste du Roi Soleil une douzaine de fois, de Colbert, Turenne, d’Anne d’Autriche, etc. Par une ordonnance de 1658, Nanteuil est nommé « dessignateur et graveur en taille-douce du Roy » et reçoit une pension.
De Tamara de Lempicka (1898-1980) et sa Jeune fille en vert, à Alphonse Mucha (1860-1939), en passant par le mime Marceau (1923-2007), Nelson Mandela ou encore les constructions de génie de Gustave Eiffel (1832-1923)… Le Livre des timbres français de l’année 2023 permet en un coup d’œil de balayer la production philatélique hexagonale de l’année écoulée, dont se détachent quelques réussites… Chaque timbre se voyant attribuer une notice historique enrichie de photos de deux à quatre pages.
Attention tout de même : ici, « les timbres de l’année » se réduisent aux timbres du « programme philatélique officiel ». On n’y retrouve donc pas la nouvelle « Marianne » d’usage courant, les nombreux carnets de timbres autocollants (« Entre ciel et terre », « Tendres animaux », « Jouets anciens », etc.), le timbre NFT, ou certains « collectors »
Le Livre des timbres est divisé en chapitres thématiques où l’on cherchera en vain une unité graphique :
– « Les artistes et leur art » (« Métiers d’art. Eventailliste », « Pierre Loti 1850-1923 », « Jorge Semprun 1923-2011 », « Alphonse Mucha 1860-1939 », etc.) ;
– « Actualité et société » (« 24 H. Le Mans. La course du siècle », « Année du lapin », « Bicentenaire du rugby à XV », « Disney », « Pif. 75 ans », « Arles. Les Rencontres de la photographie », etc.) ;
– « Les histoires de l’histoire » (« Nelson Mandela 1918-2013 », « 80 ans du Chant des partisans », « Grandes heures de l’histoire de France : la bataille de Castillon-1453 », « Jules Rimet 1873-1956 », « Colonel Arnaud Beltrame (1973-2018) », « Alice Guy 1873-1968 », etc.) ;
– et, « Sites culturels et naturels » (« « Fleurs des montagnes », « Abbaye Notre-Dame de Sénanque », « Bergheim », « Trésors de Notre-Dame. Les bourdons de Notre-Dame », « Orient-Express », « Maison Caillebotte », « Les catacombes de Paris », « La Route Napoléon », « Les jardins partagés », « Les capitales européennes. Bratislava », etc.).
Il comprend en outre un cahier spécial de huit pages en hommage à Gustave Eiffel.
Le Livre des timbres recense ainsi au total cinquante-quatre timbres ou blocs (à l’exception des timbres de service du Conseil de l’Europe et de l’Unesco). Il comprend des pochettes transparentes collées au fil des pages pour placer les timbres.
Si les commémorations de Pierre Loti (1850-1923), Madame de La Fayette (1634-1693), du rugby, de Blaise Pascal (1623-1662) ou de Gustave Eiffel – déjà timbrés par le passé – sont sans surprise, les timbres sur Eva Gonzalès (1849-1883), « l’impressionniste oubliée », la photographe Dominique Issermann, Maria Callas (1923-1977), ou l’artiste à l’« œuvre protéiforme » Prune Noury sont les bienvenus.
Eva Gonzalès a à peine seize ans lorsqu’elle croque le portrait de cette jeune fille pensive qui illustre le timbre, témoin de sa formation classique auprès de Charles Chaplin (1825-1891).
Quatre ans plus tard, « les Degas, Monet, Passarro et autres peintres comme Renoir, la jeune femme les a tous rencontrés dans l’atelier d’Edouard Manet, son maître (…), seule élève du père de l’impressionnisme, avec qui elle entretiendra une longue amitié artistique ».
La Jeune fille en vert, de Tamara de Lempicka, en couverture du Livre permet de rappeler qu’un clip de la chanteuse Madonna a participé à la redécouverte de cette artiste majeure, passée par les Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg (Russie), formée à Paris par Maurice Denis et André Lhote.
« Comme elle, les personnalités réunies dans Le Livre des timbres, explique Benjamin Peyrel, l’auteur des textes, ont marqué leur époque et laissé leur empreinte. »
Bien que la nouvelle « Marianne », dévoilée le 7 novembre par Emmanuel Macron, créée par Olivier Balez, soit absente de ce volume, cet artiste est en revanche bien présent pour son bloc sur le « Cyclotourisme », émis en mars dans le cadre de la Fête du timbre. Curieusement, un carnet de dix timbres avec surtaxe au profit de la Croix-Rouge française, « Prévenir et éduquer », du même auteur, paru le 24 avril n’est pas répertorié dans le Livre des timbres…
Un mot enfin pour signaler une « absence » : il manque en effet quelques pages consacrées aux créateurs de ces timbres, dessinateurs, metteurs en page et graveurs – C215, Pierre Bara, Sophie Beaujard, Florence Gendre, Claude Jumelet, Valérie Besser, Olivier Balez, Louis Genty, entre autres –, alors que « l’art du timbre-poste gravé en taille-douce » vient d’être inclus, en octobre, à l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel (catégorie savoir-faire), à l’initiative de l’association Art du timbre gravé.
Ce Livre des timbres n’en demeure pas moins un beau livre à offrir.
« Le Livre des timbres. France 2023 », Editions de La Martinière/La Poste, 144 pages, sous emboîtage rigide. Le prix de vente varie en fonction des timbres contenus dans l’ouvrage : 140 euros (54 timbres et blocs inclus pour un total de 132,47 euros de valeurs faciales) ; 76 euros (sans les blocs, avec 41 timbres, pour un total de 71,59 euros de valeurs faciales) ; 25 euros pour la version sans timbres. En vente auprès du Service clients de Philaposte, Z.I., avenue Benoît-Frachon, BP 10106, Boulazac, 24051 Périgueux Cédex 09 ; par téléphone au 05-53-03-19-26 ; par mail [email protected] ; à la boutique Le Carré d’Encre, 13 bis, rue des Mathurins, 75009 Paris ; dans certains bureaux de poste, et sur le site Internet www.laposte.fr/boutique.
Pierre Jullien
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